Joyeux, vexé, nostalgique, militant ou engagé? Tu as déjà pris un stylo et écrit quelque chose pour t’exprimer? Moi aussi, tout le monde, je pense. Après avoir écrit quelques mots, on se sent mieux dans sa peau, voire beaucoup mieux parfois. Moi, j’écris parfois parce que je dois le faire, mais d’autres fois parce que je le veux; sans l’écriture, je ne saurais point faire surgir certains mots ou certaines idées. Voilà pourquoi j’écris aujourd’hui déjà, pas toute seule, en fait. Nous avons choisi d’écrire pour se demander à nous-mêmes, pour vous demander et pour essayer de chercher la réponse à cette question «Pourquoi écrit-on?». Une question qui m’est venue, toi aussi peut être, après avoir écrit sur maintes de sujets qui causent de la peine, de l’angoisse parfois. Dans cet article, il y aura deux parties majeures: la première portera sur la voix du personnel, le spécifique, qui va nous emmener ensuite vers le plus général, l’universel, ce qui concerne tout le monde.
L’écriture brise le silence!
L’écriture … un pont entre le passé et l’avenir?
J'écris pour me libérer, pour créer des ponts entre mon passé et mon présent. L'écriture est un art qui procure à celui qui écrit une sensation d'appartenance. J'écris pour appartenir à un moment durant lequel j'étais le plus heureux au monde. J'écris pour caresser mes souvenirs et pour me donner une chance de les revivre. J'écris pour illuminer une étincelle qui s'est éteinte au fond de moi, pour combler ce vide qui traverse mes veines lors d'un moment nostalgique qui me prend pour une personne ou un endroit, une âme ou un corps, une lumière ou une obscurité. Tout simplement, j'écris pour me retrouver, pour me découvrir et laisser cet être caché se libérer de tout ce qu'il a vécu de bien ou de mal. Au fait, cette sensation d'être un écrivain est tellement profonde; c'est vraiment extraordinaire à quel point une plume et de l'encre peuvent nous transformer en poètes, en êtres spirituels, inspirés, libérés de tout ce qui nous emprisonne quelques soient les connaissances ou le niveau intellectuel. Et à titre d'exemple, je pose le doigt sur les arts contemporains qui peuvent être une manière de mettre ses sensations en des mots rythmés ou non rythmés tel que le SLAM et le vers libre, qui sont de nos jours à la portée de tout le monde. De plus, j'écris pour m'instruire, pour mieux me connaître et mieux découvrir tout ce qui m'entoure, comme le dit l'écrivain français Claude Roy: "j'écris pour pouvoir lire ce que je ne sais pas que j'allais écrire." Voire, j'écris pour me construire et prendre plus de conscience sur tout ce que j'ai toujours nié, et comme vous le savez la conscience toute seule est insuffisante puisqu'il y a tant de choses qui nous échappent. Et donc, écrire c'est s'enfoncer dans les coins les plus sombres de l'inconscience, c'est entreprendre une aventure en soi. De cette manière, les aspects échappatoire, pédagogique et thérapeutique de l'écriture dominent, et donc j'écris pour moi-même, pour mon propre bien. Mais est ce qu'écrire pour soi exclut l'autre ?
Et si l’égoïsme devient productif?
Rappelez-vous les moments où vous avez surtout essayé de prouver à vous-même et au monde que vous avez votre mot à dire, un mot qui pourrait révéler qui vous êtes. Rappelez-vous aussi que l'acte d'écriture est une identité révélatrice, une découverte des mots non dits et des émotions refoulées. Certains écrivains, comme George Orwell, ont étudié les raisons du besoin d'écriture. En fait, dans son article "Why I Write", il présente ce qu’il considère comme les quatre principales motivations d'un écrivain. Parmi ces motivations, il met en valeur l'écriture par pur égoïsme : c'est lorsque l'écrivain cherche à attirer l'attention, à paraître plus intelligent ou à être immortalisé à travers ses œuvres. Alors pourquoi devrions-nous écrire si nous n'essayons pas d'être vus? Nous voilà donc! En tant que blogueurs, nous voulons souligner notre ténacité égoïste pour être plus "visibles" dans notre société. Nous voulons aussi mettre nos mots en bulles pour montrer au monde que nous avons une identité consacrée aux jeunes penseurs, dignes de tout respect. L'écriture, c'est notre monde à nous. Ainsi, ce genre d'égoïsme positif nous fait penser simplement à nous-mêmes en premier, à notre génie collectif. C'est vrai que nous voulons être fiers de "Nous", mais nous essayons de faire de cette expérience du blogging une rencontre agréable dans laquelle nous nous définissons par notre façon d'écrire et de penser, en rejetant toute stigmatisation. En fait, nous sommes impatients de nous distinguer de la foule, de fournir notre propre lecture de ce qui a été déjà discuté. Notre ego ici désigne l'âme jeune, voire humaine conçue comme unité. Cette collectivité s'affichera dans nos écritures, affirmant en quelque sorte notre fierté d'être jeunes. Par conséquent, lorsque nous écrivons, nous cherchons à mettre en avant notre propre ego qui pourrait peut-être trouver sa propre voix dans ce labyrinthe de voix. Ainsi, l'écriture nous emporte au-delà de nous-mêmes pour englober l'autre afin d'être un être complet. Par cette transcendance, nous serons toujours à la quête d'immortaliser notre empreinte; et à chaque fois que nous publierons un article, nous souhaitons qu'il soit déchiffré, étudié de près comme s'il était un mythe que nous ne cessions jamais de raconter. Alors, écrivons par égoïsme, écrivons pour être nous.
Écrire, c’est quérir l’universel!
Oscillant entre soi et l'autre, il y a tant de raisons valides pour passer à l’acte de l’écriture, comme l'on vient juste de démontrer. Mais est-ce toute l’histoire? Est-ce exhaustif? Jamais! Toujours déjà, nous découvrons en nous des motivations qui nous dépassent et qui nous poussent parfois malgré nous à écrire. Quand on pense à l’écriture, le premier terme qui nous sauterait en tête serait plutôt la création qui, à son tour, fait allusion à un concept-clef: le talent artistique et le génie humain. Le talent artistique est loin d’être commun parmi les gens car seulement quelques uns s’en distinguent. Cependant, ce talent se manifeste plutôt en matière de perspective ou de contenu unique, authentique, jamais vu, et révolutionnaire. L’œuvre ajoute à ces attributs une tangibilité et une sensibilité qui facilite le processus de la compréhension et de l’identification chez le lecteur. Ces mécanismes relèvent de l’expérience universelle qu’est l’écriture. A ce propos, Gilles Deleuze nous affirme dans ses Dialogues que «le but de l’écriture, c’est de porter la vie à l’état d’une puissance non personnelle.» Cette énergie qui permet aux mots de transporter et d’être transportés, c’est là où réside l’un des buts ultimes de l’écriture. Et là, quand on pense l’universel, on pense l’humain. Qu’est-ce que l’humain? Pétrifiante interrogation! L’humain, c’est cette sensibilité à l’œuvre qui reste après que toutes nos différences d’âge, de sexe et de milieu culturel (entre autres, bien sûr!) soient éliminées. C’est cet engagement envers ce monde autour de nous, l’autre, l’espace, l’histoire, l’art, le temps etc. Cette responsabilité transforme l’œuvre en une expérience célébratoire de sens et de sensations pouvant émouvoir partout et n’importe quand. La différence de la langue n’atteindra ni à l’image métaphorique ni aux sonorités mélodieuses du chiasme ni au cynisme sarcastique. Elle ne fera pas la perte moins tragique ou la rencontre moins chaleureuse. L’émotion est la même et se fait ressentir au-delà de tout obstacle linguistique. Là alors, le personnel s’unit avec l’humain pour donner une expérience sans égal des complexités de l’homme loin de toute l’objectivité théorique cherchant à définir cet être qui, ironiquement et de sa propre nature, échappe à toute règle.
En écrivant, nous faisons du tourisme de soi. On se découvre et on se redéfinit sans cesse, on gagne une nouvelle perspective de nous-mêmes et du monde en tout. Thérapeutique, échappatoire, distinctive, interactive et universelle, l’écriture constitue une entreprise aussi bénéfique que divertissante. Mais suffit-il de parler des raisons d’écrire? La question de l'écriture est beaucoup plus complexe, car on doit penser à comment et à quoi écrire. Les axes, les thématiques, les techniques, les genres, le style et bien d'autres… à vous, donc!
Team'ink
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